
C'est un petit texte d'une soixantaine de pages retraçant les différentes étapes de l'écrivain écossais qui s'est mis en tête de traverser les Cévennes à pied. Il se lance ce défi et prévoit dès le départ d'en garder la trace sur les pages de son carnet. La curiosité qu'il suscite dans le village où il prépare son expédition montre le côté inédit de ce projet alors qu'il nous paraît, aujourd'hui, à la frontière du banal. Il décrit ainsi au fil des pages les paysages, de jour et de nuit, les personnes rencontrées plus ou moins collaboratives, des enfants blagueurs aux moines ayant fait vœu de silence. Et tout le long l'ânesse Modestine accompagne ses pas. Loin de l'apprécier au début de son périple, il finit par aimer sa présence et verse une larme en se séparant d'elle à Saint-Jean-du-Gard.
Ce texte a quelque chose de déroutant que je n'arrive pas tout à fait à nommer. C'est peut-être le détachement que l'auteur a l'air d'éprouver vis-à-vis de ce qu'il vit. Ou la non communication sur ce qui l'a motivé à se lancer dans une telle entreprise. Quoi qu'il en soit les plus belles pages sont celles où il se plonge dans le mystère des Camisards. Foulant leurs pas, il se plonge dans leur mythologie, citant leurs noms, leurs spécificités, s'interrogeant sur ce qui les a motivé, s'enthousiasmant de leur hardiesse. En voici quelques lignes :
" Ce sont les Cévennes par excellence : les Cévennes des Cévennes. Dans ce labyrinthe inextricable de montagnes, une guerre de bandits, une guerre de bêtes féroces, fit rage pendant deux années entre le Grand Roi avec toutes ses troupes et ses maréchaux, d’une part, et quelques milliers de montagnards protestants, d’autre part. Il y a cent quatre-vingts ans, les Camisards tenaient un poste là même, sur les monts Lozère où je suis. Ils avaient une organisation, des arsenaux, une hiérarchie militaire et religieuse. Leurs affaires faisaient « le sujet de toutes les conversations des cafés » de Londres. L’Angleterre envoyait des flottes les soutenir. Leurs meneurs prophétisaient et massacraient. Derrière des bannières et des tambours, au chant de vieux psaumes français, leurs bandes affrontaient parfois la lumière du jour, marchaient à l’assaut de cités ceintes de remparts et mettaient en fuite les généraux du roi. Et parfois, de nuit, ou masquées, elles occupaient des châteaux-forts et tiraient vengeance de la trahison de leurs alliés ou exerçaient de cruelles représailles sur leurs ennemis. "
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Editeur : (libre de droits)
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