dimanche 25 mars 2018

"Les chutes" de Melchior



De retour du salon du livre avec ma brassée de publications du Diable Vauvert, je me suis immédiatement plongée dans la lecture des Chutes de Melchior, un jeune auteur fou fou que j’ai eu la chance de croiser sur le stand. De courts chapitres, quelques haikus perdus au fil de pages : la poésie me manquait, la retrouverai-je dans ce texte de jeunesse? La réponse est oui ! J’ai dévoré ce livre en quelques heures et le relirai avec plaisir dans quelques mois ou quelques années comme on relit de la poésie pour qu’elle prenne, à chaque lecture, un sens subtilement différent. Ces lignes contiennent une grande énergie, de la révolte, de la folie, de l’amour. De nombreux hommages à Rimbaud, Baudelaire et probablement d’autres donnent un sentiment de familiarité à cette poésie d’une grande modernité. Voici un petit extrait qui vous donnera, je l’espère, le goût de le lire : 

« J’ai déjà, trois fois, refait le monde sous ma douche. Comme une éponge trop serrée, je gicle des pensées chaudes qui tombent sur le carrelage en un clapotis de flaque. Je me vois dictateur, champion, révolutionnaire, pianiste, pompier, prince et poète. Poète surtout. Je veux jeter les mots comme des grenades, compter jusqu’à trois et rire un bon coup. Je veux à tout prix savoir dire ce qui prend trop de place dans mon torse. Je vis à l’étroit entre mes côtes et je transpire des gouttes de rage et d’épuisement. Sortir de soi. Devenir un bon mot, une page, n’être que ce qu’on a fait de meilleur. Ne plus avoir honte. Oui, c’est peut-être ça le plus beau. Ne plus avoir honte. Marcher dans Paris comme un de ces enfants, orphelins des rêves, qui savent que chaque banc, chaque sourire, chaque petit pièce, est à eux. Marcher fier, comme un extravagant. En voilà un rêve. Ne plus sentir l’étau se resserrer de chaque côté de ma tête avant de dormir. Ne plus regretter d’avoir trop fait ou de ne pas avoir fait assez. Vivre d’avoir fait tout court. Être un chien sans collier, mais couvert de tatouages qui se balade impuni et pisse où bon lui semble. »



Editeur : Au diable Vauvert
Date de parution : 15 mars 2018
EAN papier : 9791030701760
144 pages