mardi 28 juin 2016

"À torts et à raisons" de Ronald Harwood

Cela fait bien longtemps qu'il ne m'était pas arrivé de lire une pièce de théâtre, probablement depuis le lycée ou la classe prépa. En sortant du Misanthrope ou de Richard III, après avoir goûté au texte en l'écoutant, j'ai souvent envie d'acheter le livre et de m'y replonger. Je le fait néanmoins rarement. En ce qui concerne A torts et à raisons, j'étais particulièrement frustrée d'avoir manqué des morceaux de cette pièce (la fatigue de la journée et la chaleur régnant dans les salles m'assomment souvent, à mon grand regret). Les places nous avaient été offertes par notre généreux ami Julien et y jouait, dans le rôle du chef d'orchestre allemand Wilhelm Furtwängler, le grand Michel Bouquet. Accusé de complaisance avec les nazis et bien plus encore, cet homme de l'art, vénéré par les anciens membres de son orchestre ou par des personnes ayant eu l'occasion de l'entendre diriger, se retrouve interrogé par un ancien expert en assurance américain reconvertit dans l'armée des États-Unis pour dénazifier l'Allemagne. Il le provoque, le pousse dans ses retranchements, s'obstine. Il trouve quelques vérités, en invente d'autres. Le cas est difficile à traiter. Le spectateur et lecteur ne sait quoi penser au fil des pages et de l'enquête qui semble piétiner. Qui croire ? Sans révéler les arguments des deux parties de cette courte pièce en deux actes et environ 70 pages, je dirais simplement qu'elle est d'une incroyable justesse car elle ne cède jamais à la facilité et ne tombe dans aucun cliché. Telle personne passe pour un héros incontesté mais sa fille éclairera cette réalité sous un jour différent. Telle autre personne semble trop jouer avec le système pour être complètement innocente. Et que dire du grand chef d’orchestre que le brave américain veut absolument faire tomber? La vérité est loin d’avoir une seule facette.




Editeur : Actes Sud
Date de parution : septembre 1999
EAN papier : 9782742724079 - Prix TTC : 10,10 euros

lundi 20 juin 2016

"Comme un roman" de Daniel Pennac



Je butais sur un roman depuis de nombreuses semaines déjà et j’avais décidé de n’emmener que lui en voyage pour être sure de le terminer. Cette machination a cependant bien vite été détournée par les quelques livres figurant dans la chambre qui a accueilli ma villégiature. Parmi eux se trouvait « Comme un roman » de Daniel Pennac. 

Je pense que vous connaissez déjà tous les droits imprescriptibles du lecteur, souvent cités : 
- Le droit de ne pas lire 
- Le droit de sauter des pages 
- Le droit de ne pas finir un livre 
- Le droit de relire 
- Le droit de lire n’importe quoi 
- Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible) 
- Le droit de lire n’importe où 
- Le droit de grappiller 
- Le droite de lire à haute voix 
- Le droit de nous taire 

Je les trouve à chaque relecture toujours très rafraichissants, non seulement parce que je me sens galvanisée par la création de fait d'une communauté de lecteurs qui aurait des droits et parce qu’ils combattent un rapport au livre parfois assez complexé (même si nous ne mettons pas toujours ces droits en application, en s’obstinant par exemple à désespérément vouloir finir un livre parce que, c’est bien connu, on se doit de rendre hommage à l’auteur en finissant le livre qu’il a pris la peine d’écrire...). 

Mais au-delà de ça j’ai découvert le texte qui introduisait ces droits. Tout est parti de la réflexion d’un homme pensant à son fils, autrefois grand dévoreur de livres, et aujourd’hui se sentant comme un condamné face à l’obligation de lire un livre de plus de 400 pages en très peu de temps pour honorer un devoir à venir donné par le professeur de français. Cet homme se lamente que les jeunes lisent moins. Mais cet homme est lui-même devant sa télévision. Il se souvient peut-être des temps heureux où il lisait mais, de fait, il est devant sa télévision. En se lamentant, il a peut-être également oublié que ce qui importe c'est de mettre au centre le plaisir de lire. S’il ne reste que l’obligation de l’étude mais plus de plaisir, il manque quelque chose de primordial. Une seule chose est donc à retenir : lire est avant tout un plaisir !




Editeur : Folio
Date de parution : 21 avril 1995 (première parution en 1992)
EAN papier : 9782070388905 - Prix TTC : 6,50 euros